Bonheur ou surmenage?

Lorsque vous tenez votre enfant dans les bras après la naissance, tout prend un jour nouveau. Profitez de ces moments particuliers. Vous faites mutuellement connaissance. Vous découvrez les premiers traits de caractère de votre enfant, déjà très présents. Vous passez – nous l’espérons – encore beaucoup de temps au lit et il est probable que vous ne soyez pas seule ces premières semaines, parce que votre conjoint a pris un congé, ou encore que parents, beaux-parents et amis sont là, à vos côtés, pour vous aider. Pendant cette période, vous avez certainement le sentiment que votre vie est bouleversée et réagencée chaque jour. 
Pourtant, la routine quotidienne finira par s’installer. Et plus tôt que vous ne le pensez. 

Au bout de six à huit semaines, il est possible que certaines choses soient déjà bien en place et que la période postnatale touche à sa fin. Entre-temps, vous avez mieux fait connaissance avec votre bébé et pour certaines choses, la régularité est bien installée. Pour d’autres, cela va nécessiter un peu plus de temps. Malgré cela, au cours des mois à venir, il y aura régulièrement des journées où, en plein après-midi, vous n’aurez pas pris votre petit-déjeuner ou ne vous serez pas encore douchée. Tout simplement parce que vous n’en avez pas eu le temps, car la vie avec le bébé est une occupation à plein temps.

Si vous prévoyez de retravailler aussitôt après le congé de maternité, vous avez certainement déjà organisé la garde de votre bébé. Il est recommandé de ne pas être trop exigeante dans les premiers temps de votre retour au travail. L’important est que la garde du bébé se passe bien afin que vous soyez présente au travail – mais également que vous passiez du temps avec votre bébé en dehors du travail. Vous aurez besoin de beaucoup d’énergie pour travailler, être en mesure de confier le bébé et continuer à avoir votre vie à vous. Prenez bien soin de vous afin de préserver un équilibre au milieu de tous ces défis quotidiens et de puiser de nouvelles forces. 

Si vous avez décidé de faire une pause professionnelle, vous pouvez sans aucun problème adopter un rythme de vie plus lent. Mais là encore, vous avez besoin de trouver des moments d’équilibre face au quotidien avec le bébé, de découvrir vos propres sources d’énergie et d’y recourir au besoin. La vie avec un ou plusieurs enfants peut être très épanouissante, mais aussi éprouvante. Le quotidien n’est pas synonyme de pur bonheur, même si le bonheur est là et qu’il montre son visage de temps à autre. 
Peut-être vous rendrez vous compte de temps à autre qu’il vous manque quelqu’un. Quelqu’un avec qui vous pouvez échanger « d’égal à égal », ou encore se lancer un défi intellectuel. Pour cela, les quelques heures de la soirée où votre conjoint est à la maison ne suffisent pas et de plus, l’harmonie ne règne pas toujours dans la maison. Trouvez-vous de petits défis. Des choses que vous avez toujours voulu faire, mais pour lesquelles vous n’avez pas encore trouvé le temps au quotidien.

Il arrive qu’au cours des premières semaines et des premiers mois, la vie avec le bébé soit accablante. Essayez de vous écouter et de voir comment vous allez. Discutez ouvertement avec votre conjoint afin de trouver une solution et des possibilités d’allègement. Peut-être que vos exigences ou votre conception de la vie avec votre enfant sont trop ambitieuses. C’est souvent le cas, surtout avec le premier bébé. Tant que l’on ne l’est pas devenue soi-même, on ne peut faire part à personne du sentiment d’être mère. Revoir ses exigences, ainsi que celles de son conjoint lorsque l’enfant est là peut s’avérer très utile. Et sur un plan pratique, vous apprécierez vraiment l’utilité d’une aide au cours des premières semaines, aussi bien pour la garde des enfants que pour l’entretien de la maison.

Il ne suffit pas toujours d’avoir de l’aide. Environ 10 à 20% des mères en Allemagne, Autriche et Suisse souffrent d’une dépression périnatale dans les deux premières années qui suivent un accouchement. Cela peut se traduire par un sentiment de surmenage, mais aussi une perte de joie de vivre et de bonheur, ou même par des troubles anxieux ou obsessionnels. L’association allemande Schatten und Licht (Ombre et lumière) est un groupe d’entraide pour soutenir les jeunes mères faisant face à ce type de problème. Elle offre une première assistance et propose un questionnaire d’autoévaluation sur son site Internet. Il y a des femmes qui ne ressentent pas d’emblée ce bonheur immense à la vue de leur enfant. Sautes d’humeur, épuisement, tristesse, insomnie et agitation sont des états que de nombreuses femmes connaissent, et dont elles ont même honte. Au lieu d’en parler ouvertement, elles gardent tout pour elles et se retirent toujours davantage. Vous n’êtes pas les seules à avoir ces sentiments. Confiez-vous à quelqu’un. De cette manière, vous aurez le soutien dont vous avez besoin.